Sur les traces d'un escargot rare : où se cache le Maillot de Desmoulin ?
La semaine dernière, plusieurs journées de terrain ont été consacrées à la recherche de l’une des espèces cibles du projet : le Maillot de Desmoulin (Vertigo moulinsiana). Petit, rare et discret, cet escargot ainsi que l’imposant Escargot de Bourgogne (Helix pomatia) sont les deux seuls mollusques terrestres protégés par la directive "Habitat" en Wallonie, ce qui en fait des "Espèces d’Intérêt Communautaire" (EIC). Le Maillot de Desmoulin est essentiellement lié aux grandes laîches et autres plantes herbacées de zones humides et sa présence est dépendante du régime hydrique. Ces milieux se trouvent notamment dans les forêts alluviales et prairies humides ou inondables, d’où son intérêt pour le LIFE Vallées Atlantiques. En automne, les individus remontent relativement haut sur la végétation, ce qui facilite leur détection.
L’espèce est globalement sous-détectée en Wallonie, faute d’intérêt général pour les gastéropodes. Le suivi du Maillot de Desmoulin dans le cadre du projet LIFE vise à actualiser les données de répartition et à découvrir de nouvelles stations.
C’est avec Louis Bronne, malacologue* et employé chez Natagora, que notre assistante Alix s’est familiarisée avec l’identification de cette espèce. Accompagnés des conservateurs de la réserve, ils ont retrouvé le Maillot de Desmoulin dans la réserve naturelle LRBPO du Confluent à Rixensart, où il avait été observé en 2003 et 2009. À proximité, sur les terrains de GSK, une nouvelle station a été découverte. Louis collabore avec l’entreprise pharmaceutique dans le cadre du “Réseau Nature Entreprise” de Natagora, afin de favoriser la biodiversité sur leurs espaces verts. La présence de l’espèce pourra être prise en compte dans les plans de gestion de l’entreprise.
Les découvertes se sont ensuite poursuivies dans le Brabant wallon, en quittant la vallée de la Lasne pour celle de la Nethen, un affluent de la Dyle. Lors d’une visite d’une nouvelle réserve naturelle acquise par Ardenne & Gaume à Grez-Doiceau, le petit escargot a également été retrouvé !
Enfin, l’équipe s’est rendue aux marais d’Harchies pour rejoindre Guillaume Lheureux, volontaire chez Natagora, qui avait réalisé un TFE sur cette espèce en 2009. Cette dernière journée de formation nous a permis de nous entraîner à différencier Vertigo moulinsiana de ses proches congénères Vertigo antivertigo et Vertigo pygmea.
Une espèce manque encore à l’appel : Vertigo angustior, ou Vertigo étroit, une autre espèce Natura 2000, connue en Flandre mais pas encore découverte en Wallonie. Nous sommes désormais prêts à arpenter les cariçaies des vallées atlantiques à la recherche des vertigos, avec peut-être la chance de découvrir cette nouvelle espèce !
*Personne qui étudie les mollusques